Rien de nouveau à l’ouest ? Que nenni ! Un polar écrit pendant la période de pandémie qui sortira dans le courant du mois de novembre 2022, si tout va bien. L’occasion de respecter la tradition avec la véritable fausse interview.
Très à l’ouest…
Après quatre années sans nouveau livre, le mois de novembre 2022 verra enfin pour l’Europe, la sortie de mon nouveau roman, L’Affaire McGill, un Thriller palpitant ayant pour décor l’Ohio et la ville d’Ashland dans le Midwest des États-Unis
Découvrez en exclusivité ci-dessous l’interview accordée au Ashland Independent Journal et à son journaliste littéraire Bob Woodward qui m’a reçu en juillet de cette année dans ses locaux sur Main Street, pour la sortie nationale de mon roman aux États-Unis.
Bob Woodward (Ashland Independent Journal)
Bienvenue Bernard Baudour à Ashland et merci pour cette exclusivité avec la sortie de votre dernier roman, L’Affaire McGill, qui se situe dans notre bel état de l’Ohio, entre Ashland, Columbus et Cleveland. Je rappelle votre parcours, vous êtes Belge, vous avez déjà publié trois romans qui ont connu un véritable succès auprès du grand public, vous êtes un auteur apprécié sur le vieux continent, vous aimez les boulets à la liégeoise – vous nous expliquerez ça (Rires) – et la bière.
Pourquoi, et vous avez mille fois raison car c’est un grand honneur pour notre communauté, pourquoi avoir choisi Ashland comme décor de ce thriller ?
Bernard Baudour
Bonjour Bob et d’abord, merci de me recevoir.
BW C’est moi.
BB Non, c’est moi.
BW Non, c’est moi, je vous assure.
BB OK, c’est vous. (Rires). J’avais envie de changer d’air. Vous savez, les trois années que nous venons de traverser n’ont pas été de tout repos, surtout en Europe. Nous subissons maintenant les contrecoups de la pandémie ainsi que ceux de la guerre en Ukraine. J’ai pensé que les grands espaces me permettraient de m’évader et permettraient à mes lecteurs de faire de même. J’ai choisi cette région pour la proximité des grands Lacs, des chutes du Niagara, et aussi parce qu’elle n’était pas trop éloignée de New York et de Washington, les lieux où ont vécu les deux policiers principaux de cette affaire McGill.
BW Parlons-en de cette affaire McGill dont les critiques sont dithyrambiques. Je ne citerai que le Woshington Post : « Bernard Baudour nous offre un polar brillant, captivant et sans fioritures » et le Tumes : « Son écriture est magnifique, à la fois ample, nerveuse, précise, ciselée, saccadée… On dirait un grand classique américain, presque du Faulkner ! »
Pas mal pour un petit belge non ?
BB Vous savez, oui ça fait plaisir, même si une critique n’est jamais objective, chaque lecteur ressentant des choses différentes pour un même livre.
BW Disons quand même que c’est bon signe. (Rires)

L’histoire donc se déroule à Ashland où est retrouvé, un matin, le corps sans vie d’un avocat en vue, Everett McGill écrasé par un train de marchandises. Au début, on retrouve des indices importants qui font penser au suicide mais très vite, les conclusions du Coroner penchent vers la thèse du meurtre. On ne quitte plus alors les deux enquêteurs, le Shérif Sam Coolidge et son adjointe Marge Gunderson et leurs relations que je peux qualifier de tumultueuses pour aller jusqu’au dénouement surprise de ce thriller passionnant.
Ce qui frappe surtout, c’est la maîtrise avec laquelle vous nous emmenez dans un monde sans certitude, ni blanc ni noir mais gris, à l’image de cette superbe première de couverture. Un homme qui marche dans la brume, cet homme pourrait être l’avocat McGill marchant vers son destin, mais il pourrait être chacun d’entre nous. Est-ce cela votre recette, jouer avec l’ambiguïté de vos personnages, ni vraiment bons, ni vraiment mauvais, toujours entre les deux, parfaitement imparfaits ?
BB C’est exact. Personne n’est totalement blanc ou totalement noir. On a tendance à l’oublier quand on n’écoute que les infos en continu. On a trop tendance à nous présenter une vision manichéenne du monde où l’on désigne les gentils et les méchants. Le monde est complexe et comme disait un ami à moi, méfions-nous du bon sens. Tout n’obéit pas au bon sens, malheureusement. Je pense que c’est pour cela que j’ai voulu m’éloigner le plus possible du roman psychologique, même si ce genre de roman est quelque chose que j’apprécie beaucoup en tant que lecteur et aussi en tant qu’auteur. Mais cette fois, j’ai voulu ne m’attacher qu’aux faits, qu’aux actions des personnages et pas à ce qu’ils pensent, pas à leurs angoisses, leurs justifications, leurs indécisions. Je n’ai pas voulu les juger, dévoiler leur vérité que d’ailleurs je ne connais pas et qu’eux-mêmes ne connaissent pas. Je me suis dit, voyons comment le shérif Cooldige se débrouille avec les éléments tangibles qu’il a à sa disposition. Voyons aussi comment il vit sa vie d’homme célibataire, quelles sont ses relations avec son adjointe, Marge, une Afro-Américaine au tempérament de feu, ultra-professionnelle, et ultra-femme du vingt et unième siècle.

BW Parlons-en des femmes de ce roman. Elles sont omniprésentes. L’adjointe du shérif vous le disiez, mais aussi la femme du maire, la secrétaire de l’avocat, l’amie de la femme du maire, sont autant de portraits croqués au couteau de ces femmes d’aujourd’hui, rebelles et révoltées contre le machisme encore bien présent dans l’Ohio que vous décrivez. Vous avez clairement choisi votre camp.
BB Vous savez, je ne sais plus qui disait : les tueurs en série sont toujours des hommes, jamais des femmes. Les femmes ne tuent jamais sans une très bonne raison. Alors oui, j’ai choisi le camp des femmes, celles qui sont battues, bafouées, violées, tuées et qui souffrent encore tous les jours et pas seulement dans des pays lointains mais aussi chez nous en Belgique et chez vous, dans l’Ohio. Je ne les trahis pas, je n’écris pas ce qu’elles pensent. Je répète simplement ce qu’elles disent et je décris leurs passages à l’acte, leurs décisions, pour le meilleur et pour le pire. Mais tout cela n’apparaît qu’à la digestion, si on prend le temps de regarder un peu plus loin au-dessus de mon épaule. Sinon, à la première lecture, cela reste un pur Thriller à énigme, avec pas mal de femmes, oui, mais un Thriller.
BW Chez vous, c’est finalement toujours la femme qui domine au propre comme au figuré, comme cette scène assez torride entre Marge et Sam dans la villa de Cleveland au bord du lac Erie.
BB Marge veut prendre le dessus sur la vie et sur les hommes de sa vie. Et l’on peut dire qu’elle s’y prend plutôt bien. Cette parade amoureuse, totalement instinctive entre deux êtres qui s’attirent détourne le regard du lecteur. C’est le genre de break qui existe dans la vraie vie.
BW Vos personnages masculins ne manquent pas non plus de piquant. Je pense surtout à l’autre avocat, William Cox Senior : l’avocat le plus célèbre du barreau de Columbus.
BB Oui, celui-là me fait beaucoup rire. Il est digne, très classe, très british dans son attitude, rien ne l’énerve, même pas son fils qu’il doit sortir de prison. Tout problème trouve sa solution et surtout, tout cas désespéré est une aubaine pour un brillant avocat tel que lui. Grand ami du gouverneur, sa carrière ne connaîtra pas de limite. Je l’adore.
BW Vous semblez bien connaître la région. Le nom des rues et même la description des maisons sont tout à fait exactes. Vous êtes venu souvent à Ashland et à Cleveland ?
BB Jamais ! C’est la première fois. Je travaille un peu comme un grand auteur de chez nous, Hergé, le papa de Tintin qui se documentait énormément sur les pays où il faisait voyager son héros. Avec beaucoup plus de facilité que lui. Maintenant, la technologie nous permet de voyager à distance sans bouger les fesses de son fauteuil. Mais je suis heureux d’être ici, chez vous. Demain j’irai à Cleveland devant la villa de McGill pour voir si ma description n’est pas trop éloignée de la vérité. (Rires)
BW Je suis certain que vous êtes dans le bon et je ne peux que conseiller aux lecteurs de se précipiter sur votre roman : L’Affaire McGill avec ce sous-titre qui ne dit rien et qui dit tout, Suicide à Ashland. Aux éditions « Of The Mont », notre éditeur de Cleveland qui multiplie les Best Sellers ces dernières années. Une dernière question : quelle est la recette des Boulets à la Liégeoise ?
BB C’est une recette belge de la région de Liège. De la viande hachée porc et bœuf avec laquelle on façonne à la main des boulettes en y ajoutant un peu de pain, d’œufs, de lait, d’échalotes, d’ail, d’oignons selon vos envies. Tout cuit dans une sauce base oignon avec des raisins secs, du lard, des oignons et du sirop de Liège et certainement de la bière, j’allais oublier. C’est une tuerie mais sans tueur. (Rires).
BW Un tout grand merci. Je rappelle votre ouvrage : « L’Affaire McGill » aux éditions « Of The Mont »
BB C’est moi.
BW Non, c’est moi.
BB OK, c’est vous !